Accueil > ... > Forum 479

JCM

13 mai 2004, 15:51, par DDTM

Interview de Jean-Claude Moingt sur son site de campagne
[url]http://www.jcm2005.com[/url]/
où on apprend aussi qu’il sera en campagne à Lincou dimanche prochain  😄

1) Vous avez annoncé votre candidature à la Présidence de la FFE il y a maintenant deux mois.
Quels sont les premiers échos que vous avez reçus ?

J’ai le sentiment que ma candidature a été bien accueillie. J’ai d’ailleurs reçu beaucoup de mails et d’appels téléphoniques de soutien. Et à chaque fois que je me déplace, des joueurs, des dirigeants, viennent spontanément m’en parler. C’est très positif. Il y a un réel désir parmi les joueurs de voir arriver d’autres personnes à la tête de la FFE, avec dans leurs cartons une politique plus moderne, plus volontariste.
Sincèrement, je ne pensais pas susciter un tel engouement. Maintenant, je sais que rien n’est acquis et que le plus dur reste à faire

2) La Fédération Française a perdu une figure emblématique avec la disparition du Président Loubatière. Comment comptez-vous poursuivre son action ?

Tout d’abord, je ne cacherai pas que j’avais l’intention de me présenter de toute façon, y compris s’il avait brigué un nouveau mandat. Et cela, je le lui avais dit personnellement… Il est vrai que Jean-Claude Loubatière a consacré sa vie au jeu d’échecs, et plus particulièrement à la Fédération, et qu’il a apporté beaucoup de choses aux échecs français. Je ne reviendrai pas la dessus, car c’est une évidence pour tout le monde. D’ailleurs, le plus important à mes yeux, c’est qu’il était un vrai joueur d’échecs, un passionné. Il était capable de passer du temps sur l’analyse d’une position, de discuter technique avec un Grand-Maître comme avec un néophyte. De ce point de vue, à mon sens essentiel, nous étions proches l’un de l’autre. D’ailleurs, je ne crois pas que l’on puisse occuper la fonction de Président de la FFE si l’on n’a pas la passion du jeu et des joueurs. Et ce n’est pas une question de niveau de jeu, j’insiste bien sur ce point
Cela dit, le Président Loubatière avait parfaitement conscience qu’il reste des domaines où la FFE doit considérablement s’améliorer et passer la vitesse supérieure, notamment en termes d’ouverture sur le grand public et les médias. J’entretenais de très bons rapports avec lui, et je crois pouvoir dire qu’il m’appréciait.
D’ailleurs, malgré mes critiques à son égard - car je l’ai parfois malmené...- il a continué à me faire confiance en m’offrant le capitanat de l’équipe de France masculine à plusieurs reprises. Les gens doivent aussi savoir que je l’ai rencontré à deux reprises, le 8 et le 21 février dernier pour être tout à fait précis. Il s’agissait de lui faire part de mes intentions bien avant de publier mon communiqué officiel de candidature. Sachez enfin que nos conversations ont toutes deux été fort cordiales, même si je ne souhaite pas m’étendre sur ces rencontres d’ordre privé

3) Comment s’organise votre campagne ?

J’ai une équipe de proches qui travaille avec moi, avec à sa tête un directeur de campagne du sérail, puisqu’il s’agit du journaliste et joueur bien connu, Laurent Vérat. J’ai maintenant une base de travail sur laquelle j’ai l’intention de m’appuyer à l’occasion de mes déplacements. Car j’ai pris l’engagement de me rendre dans un grand nombre de régions. A la rentrée prochaine, je ferai parvenir à tous les clubs la plaquette présentant mon programme détaillé. Ceux qui veulent soutenir ma candidature peuvent me le faire savoir par e-mail, jcm chez jcm2005.com. Enfin, il est également possible de soutenir financièrement la campagne en adhérant à l’association « JCM 2005 » (cf. statuts). Je tiens à préciser que c’est sur mes fonds propres et grâce à l’aide de quelques amis que je finance aujourd’hui ma campagne.

4) Quels sont les principaux axes de votre programme ?

Nous avons travaillé sur un programme ambitieux, basé sur une approche nouvelle des problèmes. Il s’agit de mettre en place une politique volontariste, tournée vers l’extérieur, et fédératrice, qui dépasse les clivages archaïques et embrasse l’ensemble des facettes de notre sport. Du petit poussin en milieu rural au Grand-Maître International parisien, du passionné d’Internet au professeur d’échecs, en passant par l’aveugle ou le joueur d’entreprise, tout le monde est concerné. Un seul point commun suffit, c’est l’amour du jeu d’échecs. Notre projet consiste donc à donner à la Fédération l’envergure qu’elle n’a pas encore.
Voici les thèmes principaux de notre programme.

Développer l’apprentissage scolaire

C’est une priorité absolue, car c’est à partir de ce vivier que se constituera la Fédération de demain. Il convient avant tout de recenser l’ensemble des initiatives locales concernant le jeu d’Echecs à l’école. Car s’il est vrai qu’il se passe beaucoup de choses dans ce domaine, c’est sans aucune cohérence sur le plan national et sans aucune lisibilité. Qui sait combien d’enfants apprennent tous les ans les rudiments de notre jeu sur les bancs de l’école primaire. 100.000, 200.000, 400.000 ? Personne n’est capable de le dire...

Augmenter les ressources

Il faut impérativement trouver des partenaires privés, car il est inconcevable que la FFE n’en ait pas. Il est encore plus inconcevable qu’elle ne se préoccupe même pas de cet aspect des choses ! Même pour ce qui est des subventions de droit commun, je ne suis pas sûr que l’on bénéficie aujourd’hui de tous les financements institutionnels auxquels nous pourrions prétendre. A cet égard, la récente décision d’augmenter le prix de la licence est à mon sens symptomatique d’une politique rétrograde. La FFE ne peut plus être gérée comme un petit commerce, il faut que des professionnels s’occupent du problème de l’accroissement de nos sources de revenus.

Communiquer mieux et plus

Ce qui précède concernant les ressources est lié à la mise en place d’outils de communication pour valoriser notre Fédération qui, j’en suis persuadé, a un grand potentiel. Il faut casser la trilogie infernale : pas de communication = pas de moyens = pas de partenaires. C’est un fonctionnement en vase clos qui n’a plus sa place aujourd’hui

Dynamiser les effectifs

Avec cette nouvelle politique, nous devons encore progresser, et ne pas se reposer sur nos lauriers. Et là, je reprends à mon compte l’objectif symbolique de Jean-Claude Loubatière, 64.000 licenciés, 1.000 par case de l’échiquier ! C’est un objectif raisonnable pour cette mandature. Et si notre Fédération progressait à la même vitesse que la Ligue de Corse, on pourrait même largement dépasser ce chiffre

Valoriser nos diplômes

Je sais pour avoir rencontré le Ministre des Sports Jean-François Lamour, à l’occasion du Salon de la Nouvelle Ville organisé par l’Association des Maires d’Ile-de-France (début avril), que notre ministère de tutelle prépare un dispositif qui précisera le statut de joueur de haut-niveau et d’entraîneur. Le Ministre nous a avoué qu’il n’avait pas intégré les Echecs dans sa réflexion. Or, nous sommes une fédération sportive depuis janvier 2000 ! Mais je n’ai pas caché à Mr Lamour qu’à ce jour, je n’avais aucune légitimité pour discuter de cela avec lui.

En ce qui concerne les équipes nationales, qui représentent notre vitrine, je suis favorable à la création d’un poste de sélectionneur unique, comme dans les autres sports.

Un vrai statut pour tous

Il y a une chose que je ne comprends pas et qui m’inquiète. Aujourd’hui, tous ceux qui vivent du jeu d’échecs ont un véritable problème de statut social, et on dirait que tout le monde s’en moque. Et il ne s’agit pas seulement des joueurs de haut-niveau, loin de là. Ceux-là souffrent du vide juridique qui entoure leur activité : profession libérale, travailleur indépendant, gérant de micro-entreprise, salarié à temps partiel… et que sais-je encore ? Les joueurs professionnels ont bien des casquettes ! C’est un problème qu’il faudra résoudre pour nos élites.

Mais le dossier qui me cause un vrai souci, qui me désole parce qu’il concerne des centaines, voire des milliers de personnes en France, c’est celui du statut des professionnels de l’enseignement du jeu d’échecs. Des entraîneurs de clubs aux animateurs dans les écoles, presque tous sont en voie de précarisation. En effet, que vaut un diplôme fédéral d’entraîneur ou d’animateur que les autorités ne reconnaissent pas ? Je connais le tissu social échiquéen, et je vois bien que les choses ne s’arrangent pas, bien au contraire. Et pour une raison absolument basique, ces travailleurs-là n’ont pas de statut social ! Et qui dit absence de statut social dit difficulté d’accès au logement, aux soins etc… Le jeu d’échecs se trouve actuellement dans un no man’s land juridique et social alors même qu’il se développe rapidement, et notamment en milieu scolaire. C’est une aberration à laquelle la Fédération a le devoir de remédier, et j’attends toujours les signes qui vont dans ce sens

Favoriser la pratique de loisir

Au-delà des scolaires, dont j’ai déjà parlé, nous devrons aider la pratique de masse dans les clubs. A ce sujet, nous avons fait un constat troublant. Sans compter la région parisienne, il y a 12 villes de plus de 20.000 habitants en France qui ne possèdent de club d’échecs ni intra muros, ni même à leur périphérie (dont Calais, par exemple, 77.000 hb !). Jean-Claude Loubatière avait émis le souhait que toutes les villes de plus de 10.000 habitants aient un club d’échecs. C’est utopique, car cela concernerait des centaines de communes. Essayons déjà d’inciter les 12 communes précitées à se doter d’un club...
Pour les clubs aux moyens limités, et Dieu sait s’ils sont nombreux, nous souhaitons mettre en place un Fonds d’Aide aux Projets. Celui-ci serait géré par une commission indépendante qui allouerait 50% du budget (plafonné) pour tout projet local allant dans le sens du développement des échecs.
Enfin, il serait judicieux d’instituer pour les tournois de l’été (juillet / août) une licence spécifique à un coût très réduit. Beaucoup de joueurs ne sont libres que pour les opens de l’été, et le prix de la licence obligatoire, ajouté à celui de l’inscription, est prohibitif.

Réorganiser l’administratif

Quelques pistes à ce sujet, qui mérite une réflexion approfondie :

Non-cumul d’un mandat au Bureau Fédéral avec celui de président de club. Redéfinition du poste de Directeur Technique National. Création d’un poste de Directeur de la Communication et de l’Evénementiel. Gestion plus performante de la mise en ligne des résultats de compétitions fédérales. Création d’un fichier national intégrant des données fondamentales telles que les titres, les normes de GMI, MI. Repenser le découpage des ligues qui, pour une raison qui m’échappe, ne correspond pas au découpage administratif (ex. Rhône-Alpes et Dauphiné-Savoie), avec tous les problèmes qui en découlent par rapport aux administrations, notamment en ce qui concerne les subventions.

Sur le plan fédéral interne, je veillerai à ce que la politique du « tout à la dernière minute » soit abolie. Des documents à faire parvenir aux membres du Comité Directeur aux appels d’offres des compétitions fédérales en passant par la gestion du Elo, tout doit être repensé en garantissant des délais décents. La Fédération ne peut pas se permettre d’être en zeitnot permanent !

Fédérer tous les joueurs

Afin d’être plus puissants, de peser plus lourd face à nos partenaires institutionnels et privés, il convient de regrouper au sein de la FFE toutes les associations concernées par le jeu d’Echecs, notamment la FSGT, l’AJEC (jeu par correspondance et par e-mail) et l’association des malvoyants. J’ai déjà rencontré et fait des propositions précises dans ce sens aux responsables de l’AJEC et de la FSGT. Enfin toutes celles que, dans le jargon sportif, on nomme « fédérations affinitaires ».

Redonner sa place à la France

Enfin, la Fédération Française a un rôle à jouer sur l’échiquier mondial. Force est de constater qu’à ce jour, notre pays ne pèse plus rien au sein des instances internationales. Or, nous sommes à la base de la création de la FIDE, nos élites sont de plus en plus performantes et nous ne savons pas nous faire entendre, parce que nous sommes recroquevillés sur nous-mêmes. Cela doit cesser...

Voilà les grandes lignes de notre projet politique pour les échecs français. Je serai plus exhaustif dans ma plaquette officielle que je ferais parvenir à tous les présidents de clubs, qui se nourrira également des multiples rencontres avec les joueurs qui sont à mon programme d’ici le mois de septembre.

5) Que pensez-vous des autres candidatures déclarées

Nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique où le débat, la contradiction, font partie de notre quotidien, et c’est évidemment une très bonne chose, car la FFE n’appartient à personne. En ce qui me concerne, j’ai décidé de mener une campagne de projets et d’idées, sans trop me soucier de mes concurrents. La candidature de Jean Bertrand sera l’occasion d’un vrai débat : elle est aux antipodes de mon projet pour la Fédération. Quant à Bachar Kouatly, il a un passé de joueur et d’organisateur qui plaide en sa faveur. Mais je ne crois pas que notre Fédération ait besoin d’un président à temps partiel, responsable d’une revue d’échecs et homme d’affaires aux multiples casquettes. Voyez plutôt le tollé que provoque la décision de Christian Bîmes, Président de la Fédération Française de Tennis, de travailler à mi-temps pour TF1 ! Pour ma part, je m’engage à cesser séance tenante toutes mes activités, dès lors que les électeurs me placeront à la tête de la FFE.

6) Comment comptez-vous mobiliser les forces vives de la FFE ?

Tout d’abord, j’ai la conviction que les dirigeants de clubs en ont assez des querelles de personnes comme on nous en avons connues par le passé. Je souhaite donc une campagne exemplaire, dans laquelle chacun exposera son programme. On peut d’ailleurs constater qu’à ce jour, je suis le seul à formuler des propositions concrètes.

Nous allons donc mener une vraie campagne d’idées, relayée par une politique de communication moderne, dont ce site Internet sera le fer de lance. A ce sujet, j’en profite pour répéter ici que l’on peut m’interpeller à l’adresse suivante : jcm chez jcm2005.com

Par ailleurs, un chat sera organisé le Mardi 1er juin à 19h. Ce sera pour moi l’occasion de répondre publiquement aux questions des internautes, et j’invite tous ceux qui le souhaitent à venir y participer.

7) Finalement, quel est l’enjeu véritable de ces élections ?

Il ne faut pas se leurrer, nous sommes à un tournant dans l’histoire des échecs français. Les joueurs devront choisir entre les tenants de l’immobilisme et ceux qui prétendent que l’on peut mieux faire, à tous les niveaux. En ce sens, je crois qu’il s’agit là d’un véritable débat de fond entre deux visions diamétralement opposées de la politique à mener.

L’enjeu est donc de taille, et c’est le message que je m’efforcerai de faire passer lors de mes déplacements. Je crois que tous les joueurs d’échecs doivent se sentir concernés par le projet politique que je représente, car l’option qui sera retenue engagera notre sport sur le long terme...

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.