Yves Breton

On peut considérer que ces catégories féminines traduisent une "infériorité" des filles qui n’arrivent pas à se qualifier dans le mixte. Mais vouloir supprimer ces catégories effacera le symptôme (pour faire plaisir à Patrice) de cette inégalité mais pas son existence. Cette inégalité vient de la répartition des rôles que donne notre société à chaque sexe. Si on veut la combattre, ce n’est pas le symptôme qu’il faut supprimer (à part frustrer les féminines, je ne vois pas l’intérêt si ce n’est de se bander les yeux) mais il faut changer la répartition des rôles dans la société.

Changer la répartition des rôles dans la société, aux yeux de chaque individu n’est pas tâche aisée. Il est évident que supprimer les catégories féminines ne va pas miraculeusement le problème, cependant je crois qu’en envisageant la situation sur du court-terme on n’est pas en mesure de trouver une solution adaptée. Cette proposition (bien qu’il me semble que les intéressées demandent l’ouverture du débat, et non la mise en place de cette nouvelle formule) permettrait de continuer un mouvement de prise de conscience où l’on se rend compte qu’il est totalement injustifié de croire qu’une fille de façon innée ne part pas sur un pied d’égalité par rapport aux hommes, dans des domaines où ça n’a pas lieu d’être.
Penser que les filles vont arrêter de jouer parce qu’on va moins les chouchouter, c’est douter qu’elles puissent aimer les échecs autant que les hommes.

J’imagine très bien une petite fille rentrer dans le milieu des échecs et se dire "tiens, il y a un tournoi mixte et un tournoi féminin, j’imagine que les garçons sont plus forts que les filles" sans s’apercevoir de l’absurdité de la chose.
Je peux imaginer aussi une championne de France brillante, se contenter de son avance par rapport aux autres, sans combler le niveau qui la sépare des garçons de son âge.

Alors oui, l’adaptation au niveau masculin ne se fera pas sans difficulté. Mais sans une évolution des mentalités et des clichés, il me semble inévitable qu’elles continuent éternellement d’être limité par leur "condition" de femme.